Mesdames, Messieurs,

Le Ministère des Affaires Etrangères et les représentations diplomatiques de la Norvège ont aujourd’hui cent ans. Nous sommes donc réunis place du 7 juin pour commémorer – et fêter – ce centenaire, avec cette exposition qui présente un aperçu de notre histoire et de nos activités.

Le 7 juin est une date importante dans l’histoire de la Norvège. Cette statue du roi Haakon VII nous rappelle par exemple la date du 7 juin 1945, qui marque le retour du Roi dans la Norvège libérée. Près de 40 années s’étaient alors écoulées depuis que le jeune couple royal [Haakon et Maud] avait débarqué dans le post d’Oslo, avec le prince héritier Olav dans les bras.

L’année 1905 fut riche en rebondissements. En septembre, la Norvège et la Suède parvenaient à un compromis qui, après des négociations pacifiques à Karlstad, aboutit à un accord. Le 26 octobre, le roi Oscar II reconnaissait l’indépendance de la Norvège et la fin de son union avec la Suède. Deux jours plus tard, le ministre des Affaires Etrangères, Monsieur Løvland, demandait aux autres pays de reconnaître la Norvège et, le 30 octobre, la première réponse arrivait par télégramme de Russie. Et dès le 3 novembre, le premier diplomate étranger, venu de Grande-Bretagne, était en poste à Kristiania.

Mais auparavant, le 7 juin, le parlement norvégien avait voté la résolution quasiment révolutionnaire sur la dissolution de l’union.

Les événements de 1905 avaient été provoqués par une question de politique étrangère – l’affaire des consulats. La marine marchande norvégienne avait en effet besoin de représentants à l’étranger pour sauvegarder au mieux ses intérêts et la Norvège souhaitait mener une politique étrangère indépendante et occuper une place à part entière sur la scène internationale.

Le Ministère Royal des Affaires Etrangères fut créé au moment des bouleversements de juin 1905 par le ministre des Affaires Etrangères Jørgen Løvland et par des fonctionnaires du ministère des Affaires Etrangères suédo-norvégien.

Si la politique étrangère consiste à sauvegarder les intérêts nationaux, un pays ne peut y parvenir tout seul.

Les intérêts nationaux, comme la marine marchande et le commerce, étaient essentiels en 1905 – tout comme ils le sont aujourd’hui. Mais en 2005, la politique étrangère n’est plus la même qu’en 1905 : désormais, seule une coopération internationale permet de défendre nos intérêts essentiels. Pour faire face aux défis que représentent par exemple la pollution, la sécurité alimentaire, les accords commerciaux – sans compter la paix, la sécurité et la stabilité – une action concertée au niveau international est indispensable.

Il faut avoir de bonnes relations avec les autres pays, il faut nouer des alliances et participer activement aux organisations internationales pour y parvenir. Et il faut nous montrer. C’est là une tâche qui incombe au Ministère des Affaires Etrangères et aux représentations diplomatiques.

La Norvège, située dans un coin paisible de l’Europe, est un pays riche sur le plan matériel. Cette richesse confère d’autant plus d’obligations à la politique étrangère norvégienne, tout en lui offrant de grandes opportunités. Nous avons une responsabilité sur le plan international. Nous devons donner lorsque nous le pouvons.

Il n’existe pas de tâche plus noble ni plus importante que la construction de la paix. La paix constitua un élément crucial des événements de 1905. Nous devons être fiers de cette tradition, que la Norvège perpétue depuis quelques années en jouant un rôle de médiation ou d’assistance dans les conflits internationaux.

Il est dans l’intérêt de notre pays de contribuer à la paix dans les zones de conflit d’autres parties du monde.

La paix et la sécurité ont aussi été au centre des préoccupations de la Norvège lorsqu’elle a dû faire des choix décisifs de politique étrangère. Ainsi avons-nous choisi la neutralité et l’adhésion à la Société des Nations, puis une appartenance à l’OTAN pour des raisons de sécurité et une coopération internationale active au sein de l’ONU. Nous sommes également intégrés à l’Europe. Et actuellement, les possibilités offertes dans les régions nordiques sont au centre de la politique étrangère norvégienne.

Les représentations diplomatiques doivent également préserver les intérêts des individus. Les Norvégiens voyagent aujourd’hui beaucoup et le risque qu’ils soient frappés par des catastrophes à l’étranger est important. Les services diplomatiques doivent en tenir compte. L’expérience du tsunami nous a coûté cher, mais nous serons désormais mieux préparés en cas de crise.

Le changement est une constante à laquelle les représentations diplomatiques ont dû s’adapter depuis cent ans : nouvelles tâches, nouvelles menaces internationales, sans compter l’apparition de nouveaux pays et la création d’organisations internationales.

Le Ministère des Affaires Etrangères et les représentations diplomatiques comptent au total 2 200 personnes, dont environ 1 500 travaillent dans les 100 représentations diplomatiques de par le monde. Cette situation nécessite des facultés d’adaptation et une certaine mobilité, à la fois des représentations et des individus. En même temps, nous devons rester ancrés dans la culture et la société norvégiennes, car nous devons représenter notre pays à l’étranger, nous montrer intéressés et être à l’écoute.

L’exposition « le centenaire du Ministère des Affaires Etrangères de Norvège » s’adresse aux jeunes. Et il nous faut tous la regarder avec un œil « neuf ». Elle nous permettra d’en savoir plus sur les représentations diplomatiques, de dépasser les mythes dont elles sont l’objet et d’avoir une idée de leurs activités concrètes.

C’est donc pour moi un grand plaisir de souhaiter un bon anniversaire à notre vénérable « centenaire » et la bienvenue à l’exposition !